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D'un mur à l'autre

Alain Garot

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Alain GarotD'un mur à l'autreUn bémol de souffranceLe L.P.U (L.P.U. signifie « Libre Plus Ultra »), site littéraire mondialement renommé, fait un appel à textes sur lethème de « la Liberté ». Voici ce que je me suis permis d'adresser :J'étais là depuis des années. Oublié. La chute du mur avait fait grand bruit . mais moi je mourais en silence devant ma télé, seul dans la cellule de mon pays libéré.Et je voyais chaque jour aux infos défiler…tous ces paysages tant aimés, ces hommes de mon âge et même ces enfants,si semblables à ceux qu'on m'avait enlevés.Ô Ruche follement animée d'un même appétit farouche de revivre et de mieux consommer.J'étais seul et j'avais comme l'aigreur de quelqu'un qui vient d'avaler son morceaude travers.Car ma lutte, et celle de tant d'amis…Tout ce sang versé… Toutes ces familles brisées. Mon Dieu… Qu'en avaient-ils donc fait ?***Je les avais reçus un beau matin.Claquement de portes. Hommes à chapeau.Un peu comme du temps de la gestapo.Ils avaient été directs : « Du fait que tu n'as pas voulu transiger, malgré les beaux cadeaux qu'on t'a faits… Et puisque les menaces n'ont pas suffi, même en touchant à ta femme et à tes petits… Alors cette fois c'est bien fini :En voiture Simone… Direction la cour piétonne ! »Tout ça parce que je n'étais pas d'accord avec leur parti. Et que je n'en démordais pas, dussé-je le payer de ma vie.Combien de fois m'a-t'on rabâché :– Putain l'ami… Pourquoi tu leur as pas dit oui ?Mais c'était en moi. Plus fort que moi. Si mon oui avait été oui, alors je l'aurais dit.Déjà mon père était comme ça… Lui qui me rappelait souvent : « Souviens-toi gamin, on n'est vraiment homme que quand on sait dire non ».Et depuis je pense à lui.À Sa lutte pour le bien, pour le beau, le vrai. Sans concession.Même sur son journal de guerre qu'on nous a rendu après sa mort au champ d'honneur, il dit tout ça clairement : « Si je donne ma vie, c'est pour mon pays . c'est pour vous… mes enfants, mes amis ! Pour que demain vous ne connaissiez plus ces tueries ! »Mais demain est déjà aujourd'hui. Que reste-t-il de son bel idéal ?Eh bien voilà : ils ont fait cocu le pays de mon père !Ils l'ont vendu contre un cours en bourse, une promotion prétendue syndicale, une pilule libérale. Même les cathos, ils ont troqué leurs évangiles contre une partie de piano.Ils auraient dû la dire leur belle histoire . la dire et la redire… C'étaitjoliment beau !Mais ils ont faits comme l'autruche. Tête dans le sable, c'est beaucoup plus fasto.Mon copain de prison, lui, croyait en un autre Dieu que la bête. Il n'avait pas non plus transigé et on l'avait bien sûr enfermé.Il m'

Nombre de pages : 3

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

Le studio Littérature

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