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Le riflard mystérieux

Aurelien Scholl

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Aurélien Scholl (1833-1902)Journaliste, fondateur ou cofondateur de plusieurs journaux (Le Satan, La Silhouette, Le Jockey, Le Club, Le Camarade, Le Lorgnon et Le Nain jaune). - Auteur dramatique, chroniqueur et romancier.Le riflard mystérieuxPour ne pas croire aux histoires merveilleuses, on n'en éprouve pas moins un certain attrait à en écouter parfois le récit. Il est des esprits sérieux qui prennent plaisir à jouer une féerie.Un ingénieur civil que quelques amis attendaient à dîner, dans un cabinet d'un restaurant de la rue Royale, arriva un soir très en retard. Sa figure exprimait une satisfaction qui ne lui était pas ordinaire.- Je vous prie de m'excuser, dit-il en entrant. Vous avez bien fait de vous mettre à table et je vais essayer de vous rattraper. Tout à l'heure, vous saurez pourquoi je vous ai fait attendre.Au café, chacun fit une supposition qu'il croyait plus ou moins piquante.- On t'a commandé une tour de six cents mètres pour la prochaine Exposition ?- Ma foi non !- Tu es chargé des travaux du canal des Deux-Mers ?- On ne m'a pas fait l'honneur de songer à moi.- Tu as obtenu la concession du chemin de fer aérien de l'arc de Triomphe à la colonne de Juillet ?- Rien de tout cela, répondit l'ingénieur : je suis heureux, je respire, j'ai le coeur desserré, parce que je viens de me débarrasser d'un parapluie qui m'obsédait depuis quatre ans !- Comment cela ? s'exclama-t-on tout d'une voix.Et encore tout haletant d'émotion contenue, l'ingénieur nous conta son histoire.*- C'était le 29 février 18... J'étais allé à Grenelle visiter une ancienne carrière que voulait acquérir un grand brasseur pour y installer ses caves. J'avais à étudier la nature du sol, la solidité des étais, les conditions d'aération de ces immenses galeries. J'en sortis à quatre heures du soir par une pluie battante et j'avais un assez long trajet à faire. Il ne faisait pas encore complètement nuit. A quelques pas devant moi, marchait une femme abritée sous un large parapluie. Était-elle jeune ou vieille, blonde ou brune ? Cela m'importait assez peu dans la circonstance. Elle avait un parapluie, c'était la seule chose qui m'intéressait. Je hâtai le pas, mais elle glissait sur la boue et sur les flaques d'eau, tandis que chacun de mes pas soulevait des éclaboussures. Je la rejoignis enfin et, sans m'attarder à des propos galants :- Madame, lui dis-je, je voudrais bien tenir votre parapluie, parce que, tout en vous garantissant, il y en aurait un petit bout pour moi.A l'instant même, la poignée du parapluie se trouva dans ma main . mais, en même temps, la femme avait disparu. J'eus beau regarder dans toutes les directions, rien ! Se fût-elle

Nombre de pages : 5

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

Le studio Littérature

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