Paul Atréides, anti-héros ou héros ? - Dune Festival #4 (Saison 2)
Personnage inoubliable doté d’un destin hors-du commun, nous reviendrons sur Paul Atréides et sa transformation progressive en Muad’Dib. Entre le chemin du héros à la Joseph Campbell et une personnalité Shakespearienne, nous analyseront cet adolescent de 15 ans sous toutes les coutures.Extrait de l'article de David Meulemans : Paul Atréides, le dieu aux mille visages Quand commence le récit, il est fils de Duc, mais en fait c’est un prince, au sens des contes de fées : il n’a pas encore fait ses preuves, vit dans le château de son père et reçoit un appel du lointain. Cet appel est double : quitter Caladan pour rejoindre une terre pleine de dangers, accomplir, ou non, une prophétie. Dès les premières pages, un double enjeu est posé. Externe : survivre à l’épreuve d’Arrakis . interne : déterminer s’il est, ou non, le Kwisatz Haderach. Le mouvement logique des contes est souvent de tester les puissants, pour éprouver l’idée suivante : la place des princes, qui leur est consentie à la naissance, doit être reconquise, méritée. Les princes sont donc déchus mais finissent toujours par regagner leur trône. Mieux : leur situation finale est souvent plus riche, belle, accomplie qu’au début de l’aventure.Ce fonctionnement des contes a été analysé par un professeur de littérature américain, Joseph Campbell (1904- 1987), qui l’a exposé dans un essai publié pour la première fois en 1949, Le Héros aux mille et un visages. Frank Herbert avait connaissance de ce livre et partageait avec Campbell un intérêt pour plusieurs travaux : ceux sur les mythes de James George Frazer (1854-1941) et les hypothèses sur l’inconscient collectif de Carl Gustav Jung (1875-1961).Campbell a décrit une structure narrative, appelée le « monomythe », qu’il estime présente dans les mythes du héros des différentes civilisations. Selon lui, les héros suivraient toujours les mêmes étapes de construction d’eux-mêmes. Il est à noter que les idées de Campbell ne sont pas partagées par les mythologues et anthropologues, qui y voient une schématisation excessive, sans doute féconde pour inventer des histoires, mais stérile quand il s’agit de comprendre précisément des sociétés réelles. Herbert ne voyait pas dans cette approche un outil descriptif, mais une manière de créer un mythe fictif.Les Intervenants :LeséditeursDavid Meulemans :Éditeur des Forges de Vulcain et auteur des portraits des personnages dans Tout sur Dune, dont ceux de Paul