« Pour tous les peuples sans Etat, la littérature est en quelque sorte un remplacement de cet État et fonde l'existence de cette nation. »Iryna Dmytrychyn est historienne, traductrice et maître de conférences en langue et civilisation ukrainiennes à l'Inalco, l’Institut national des langues et civilisations orientales. Dans cet épisode, elle nous parle de l’histoire de son pays à travers sa littérature et sa langue.Longtemps relégué à l’usage privé, l’Ukrainien a été perçu comme une menace par l’empire russe. Au XIXe siècle, l’interdiction de publier, d’éditer ou d’importer les livres en langue ukrainienne freine son développement, “mais il est, je dirais, presque trop tard.” Le poète né serf Taras Chevtchenko, est déjà passé par là. Issu du peuple, il est aussi chéri par les cercles intellectuels “parce qu'il a montré pour la première fois que la poésie ukrainienne, ce n'était pas que du folklore, que ce n'était pas que des chants passéistes” mais aussi un art capable d’exprimer “des hauts sentiments et qui nous donne l'espoir qu’il faut lutter, mais que surtout, cette lutte juste va forcément l'emporter.”Après lui, des générations d’écrivains ukrainiens se succèdent. Iryna Dmytrychyn nous fait découvrir l’auteur contemporain Serhiy Jadan, à travers son roman Anarchy in the UKR, un ouvrage qui ressemble à une “playlist”, un récit de voyage à travers le pays, sur les traces d’une des grandes figures du mouvement anarchiste ukrainien, Nestor Makhno. “J'aime beaucoup Jadan parce qu'on ne sait jamais sur quoi on va tomber avec lui. C'est-à-dire qu'il y a des pages graves, mais aussi il y a des pages hilares, donc c'est quelqu'un qui garde à la fois cette profondeur et cette légèreté.”Elle nous invite aussi à rencontrer Andreï Kourkov, écrivain ukrainien russophone, et Les Abeilles grises. Dans ce récit humaniste, “roman de guerre sans en avoir l’air en fin de compte”, on suit le parcours de Sergueïtch et Pachka, deux apiculteurs qui vivent dans un village complètement abandonné à cause des conflits armés. “Un citadin peut prendre sa valise et partir. Un paysan ne peut pas emporter sa terre.”Cet épisode du Book Club a été écrit et monté par Agathe Le Taillandier. Lola Costantini en a fait la réalisation. Etienne Gratianette a fait le mixage de cet épisode. Le générique a été composé par Mélodie Lauret et Antoine Graugnard. La supervision éditoriale et de production était ass